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#De la communauté dans la nourriture

Dernière mise à jour : 10 juin 2020



C’est dans les temps de crise que l’on réalise combien nous dépendons de la nourriture. L’évènement du Covid 19 soulève colère et tristesse mais il est aussi l'occasion de questionner la hiérarchie de nos attentions. Ne plus pouvoir se nourrir comme c'est le cas dans certaines communautés ou simplement sentir la peur du manque nous permet de contacter la fragilité de notre système et avec elle celle de notre propre vulnérabilité . Dépendant depuis les années 60 d'une nourriture " globale" nous réalisons que l'abondance vécue par l'occident est le résultat d' une exploitation qui se découvre une nouvelle fois à nous sous la forme d'un virus.

Nous payons depuis maintenant une vingtaine d'années le prix du déséquilibre de l'économique sur l'alimentaire avec des scandales tels que celui de la vache folle, de la grippe aviaire, de l'arsenic dans le lait etc.. et plus généralement de la surexploitation des sols qui se meurent de ne plus être nourris entrainant la paupérisation des populations qui ne peuvent plus ni acheter de nourriture ni la cultiver . La boucle est bouclée.

Les crises sont essentielles car elles  réveillent le désir de retrouver la confiance en la circularité du don où celui qui reçoit est celui qui donne, et celui qui mange est aussi celui qui prend soin de ce qu’il redonnera.


La question de la nourriture interroge les fondements même de nos communautés et du lien opérant entre ses membres . Et si l'on se pose aujourd'hui la question de savoir quels sont les flux qui génèrent le plus d'interactions celui de l'économie vient certainement en tête : il gère notre temps, notre porte monnaie, notre énergie physique, intellectuelle, psychologique mais aussi émotionnelle. L'appréciation de la vie, l'altruisme, l'amour et ou la contemplation non utilitariste se retrouve loin derrière.

Hors , on le sait, cela ne peut qu'aller de travers, d'ailleurs on est dans les choux ou si seulement !


Décider de replacer la nourriture au cœur de nos existences c’est choisir l’opportunité de reconnecter avec  la force des communautés , ce lien invisible qui nous lie aux autres et au monde . C’est   la promesse de voir s’activer l’intelligence organique du collectif et dans ce dépassement de soi opérer la régénération de notre société en coopération avec le vivant.

Mais encore faut il que ces communautés soient visibles et c'est tout le problème de notre système actuel : nous avons perdu le ressenti du lien , nous sommes sortis du cercle qui nous relie en tant que membres du système car notre nourriture n'est elle même plus palpable . La chaine du lien s'est effacée et nous avec.

Alors que faire quand nous n'avons plus le luxe des utopies pour se relier différemment par notre nourriture et de fait retrouver sa souveraineté ?

La pratique de la situation , "le faire avec ce qu'on a" est tout autant une parole sage de grand mère que de maître zen , ce qui revient finalement au même et la proposition est peut être plus simple qu'on ne croit : arrêter individuellement de chercher des solutions pour le collectif mais de collectivement embrasser la situation pour laisser surgir l'intelligence organique. Dans le bouddhisme on parle de notre nature profonde reliée, de la communauté et de la réalité non projetée , une trinité qui séparée nous désaxe mais vécue de manière intégrée fait émerger l'harmonie, la symbiose.

Faire avec ce que l'on a c'est en tous les cas se donner les moyens de cultiver l'humilité et de cette posture aider notre société à retrouver sa place symbiotique dans l'horizontalité au vivant .L’approche peut sembler fataliste donc inefficace mais en même temps si ce que l'on a pu penser de mieux nous amène à ce résultat on est en droit de poser la question de la méthode.

Désirer collectivement que la nourriture retrouve se place dans la pyramide de nos attentions non pas en cherchant une solution ( problem solving mode) mais en se rassemblant , en s'écoutant et en se reliant est certainement le départ d'une autre manière de penser . Cela procède de la plus grande des décolonisations celle d'arrêter de croire en l'efficacité productive de nos pensées et en (re)convonquant la puissance invisible des interrelations. S'assoir en cercles est ce qu'ont fait toutes les communauté humaines depuis la nuit des temps, surtout en temps de crise. Entendre , voir, s'entendre , se refléter dans le cercle qui dépasse l'addition de nos individualités pour trouver la prochaine action juste est peut être le meilleur moyen d'activer la résilience humaine en coopération avec le vivant.

Replacer la communauté comme force motrice permettant d'agir et non plus chercher à agir pour la communauté est peut être une posture à explorer .

Suivre les gens plus que les idées ou les problèmes et commencer à faire ensemble ce qui se dessinera dans le cercle pour avancer sans savoir où l'on va me semble être la " non solution" idéale pour vivre une nourriture digne de ce que l'on est en lien avec tous les êtres

Ceci étant dit Yapuka et je compte bien reporter prochainement ici ce que dira la ligne du cercle qui se plie:)

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