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Contempler notre humanité

Dernière mise à jour : 1 oct. 2023




Le terme de contemplation se confond souvent aujourd’hui avec la posture de l’observateur séparé de ce qu’il contemple . Mais est-ce possible ? si l’on considère que rien ne peut exister sans « êtreavec » , si l’on s’accorde pour considérer que de la biologie au cosmos tout est interactif alors la contemplation elle- même ne peut qu’être rencontre , mouvement, relation.

De cette contextualisation rapide de la contemplation émerge une question plus fondamentale : Qui contemple ? la contemplation ne peut être à mon sens détachée de la notion d’identité qui se rattache elle-même à celle d’être humain. Je vais donc tenter de goûter à la chair de ma réalité d’humaine pour ressentir de manière plus vivante le saveur de la contemplation.


Tel un koan , ces cas du zen qui cherchent à ouvrir le champs de l’expérience plutôt que celui de la connaissance, c’est dans l’inconfort de mon mystère que je perçois presque comme une arrogance que je veux m’abandonner au processus de la contemplation pour répondre à cette question. Je veux essayer de rentrer dans le paysage que je m’offre en prenant le risque de me liquéfier dans le reflet mouvant de ce qui se regarde ….


je ne sais pas ce que c’est que d’être humaine, je ne sais pas ce que ça veut dire que de vivre même ! et avec l'intuition de mon ignorance une grande bourrasque m’emporte et m’emmène vers un autre espace. Celui de l’enfant allongé dévalant la pente d’une montagne, celui de deux chiens jouant dans une fontaine, celui des pétales de fleurs dansant dans le vent.

Je ne sais pas ce que c’est un être humain , mais je reconnais la vie quand je la vois et je sais ce que c’est que de vibrer . J’en reconnais le son , l’onde , la danse , le mouvement .


Rentrer dans la chair, sortir des définitions, m’extraire de ce que je crois savoir, m’enfuir d’une cartographie imprimée ( dans le sens reproduite ) pour réécrire à chaque pas ce que c’est que d’être humain, éclater les frontières entre un humain et une chaise, exploser la prison du temps linéaire dont je suis la complice , oser , juste oser.

Faire un pas du côté , se perdre, s'oublier et laisser le monde me définir.


Répondre clairement à cette question finalement serait en quelque sorte la preuve de mon inhumanité car tout ce que je sais c’est que je suis (S) bien plus grande et à la fois bien plus petite que la définition que je pourrais avoir de ce que je suis .

Je sais aussi que je ne peux être , que dans « l’êtravec » car être l’ humain existe quand il entre en relation, quand il est en contact , un être humain n’existe pas seul , cela ne se peut . Il est fait de la tasse avec laquelle il mange comme de l’étoile du matin tout autant que de l’agressivité ambiante ou de la bienveillance. Il est fait et existe par les sourires croisés , les objets qu’il utilise , sur lesquels il écrit et de ce qu’il mange. Aucune définition possible, aucun idéal , aucun territoire ne lui est propre et pourtant il existe.

Un être humain est un paysage, une ouverture dans laquelle s’opère une transformation perpétuelle issue des millions de contacts , un magma d’intersections en mouvement influé par et influant sur et qui n’existe tel qu’il se croit être que dans le cadre d’une photo , jamais dans la réalité dynamique.

Aucune fixation possible. Aucune réalité sur laquelle se reposer. Juste l’ expérience.




La contemplation ne peut être séparée de l’expérience humaine. qui réalise sa vie dans l’acte même de contempler et de se laisser contempler . C’est faire exister ce qui se contemple dans le regard de ce qui est contemplé et devenir soi même la roue dynamique du vivant .


Cuisiner, manger , laver ses bols .


C’est ce mouvement expérientiel que nous retrouvons dans la tradition zen exprimée dans son étymologie Dyana , Dya : la contemplation silencieuse, la présence poreuse, l'absorption et na : le mouvement ; Duyana est devenu "zen" en japonais , la contemplation dynamique qui se vit par zazen , l'assise de la contemplation dynamique. Celle qui en s'ouvrant à tout ce qui advient fait advenir .

Sur son coussin, dans sa cuisine, dans le métro , près d'un arbre.


Dans le reflet de l’œil

Espace infini de ce qui se regarde et se laisse voir

Nous existons

Éternellement

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